CHRISTIAN OLIVIER « ON/OFF » nouvel album le 25 mars 2016 + Cigale le 6 avril et tournée.
C’était une soirée chez un ami, entre deux cocktails, il y a une vingtaine d’années…
… Cette chanson !
Timbre profond, accordéon riche, vacarme maîtrisé, musique en marche. « Têtes Raides », m’a-t-on dit. J’ai vite acheté toute la discographie, et me suis bientôt retrouvé baignant dans la musique et les mots de Christian Olivier.
Olivier : un musicien entièrement instinctif et pourtant nourri de tant d’influences — le Mali rythmé de son enfance, la chanson française de Brel et Ferré, la poésie de Desnos et Genêt, l’écriture automatique des surréalistes, les éructations des Clash et de Tom Waits, l’humanisme d’un Dagerman.
En trois décennies les Têtes Raides ont conquis tous les publics et tâté de tous les genres. Punk et ballade, accordéon et cuivres, violoncelle et tambour, acoustique et électrique, java et tango, culture et biture, animal et social, gueulantes et chuchotantes… De rocker-musette à trash-sincère, on a collé cent étiquettes à Olivier, mais la seule qui convient c’est artiste corps et âme : celui qui vit pour son art et à chaque projet remet son coeur et ses tripes sur la table, sans jamais se renier mais toujours en mouvement.
Aujourd’hui Olivier met « Têtes Raides » à la sieste. Avec sa nouvelle complice Edith Fambuena, il nous offre ON/OFF, un album de Christian Olivier tout simplement, sur des rythmes colorés et dansants, syncopés et rapiécés. Est-ce du ska, du slam, de la bossa nova ? Qu’importe, Olivier continue à crier tout ce qu’il a dans le ventre, « sur un air de ferraille et de verre cassé ».
Mais la parole est aussi largement laissée aux instruments, et en tout premier lieu à l’omniprésente guitare, qui se fait légère ou écrasante, plaintive ou grondante au gré des morceaux. Les violons vibrent mélodieux quand le chanteur parle de laisser la place, redoublent de douceur quand il veut se convaincre qu’il va bien. Les sons se combinent en riches ambiances sonores et entêtantes, rehaussées de gimmicks sautillants.
Sous la simplicité formelle des mots qui jouent comme des gamins, cette escapade en solitaire est l’occasion d’une introspection plus approfondie. Dérision, nostalgie, inquiétude, tendresse… L’homme repense à ses aventures, se délivre de ses regrets, songe à ce qu’il transmettra. L’enfant aux yeux grands ouverts, entre sagesse et intransigeance, observe le monde en déglingue, le temps qui passe, les rêves pâlichons, l’humanité qui ne sait sur quel pied danser. Et l’invite à taper des mains avec lui pour conjurer l’absurde tragique au profit de l’absurde joyeux.
Cédric Villani, mathématicien
En concert Paris / La Cigale – 6 avril 2016
Et en tournée
www.christian-olivier.net